Apparemment les Irlandais qui ont profité de la chance que leur démocratie à eux leur permet de s'exprimer sur un sujet qui les engage au sein de l'Union Européenne, ont répondu majoritairement « non » à la question qui leur était posée quant à la ratification par leur pays du traité de Lisbonne, lui-même vendu comme un mini-traité remplaçant le TCE, qui en 2005 avait déjà montré le gouffre abyssal entre certaines couches de la population européenne, notamment de la population française, et les élites-zet-dirigeants.
La démocratie est un sujet qui me tient à cœur. Peut-être plus encore que l'Europe, c'est dire. Ainsi le projet « Les Fûts » est, ou fut, un projet d'empowerment de citoyens, en l'occurrence de citoyens déjà engagés dans l'action collective et associative.
Pour en revenir à ce 13 juin 2008, je trouve admirable que les Irlandais aient dans leur Constitution une clause qui à oblige à organiser un référendum pour un sujet de cette nature. Je trouve évidemment lamentable qu'on ne prenne pas en compte le « non » français de 2005.
Car quelle que soit ma virulence à défendre le « oui », je suis avant tout pour un régime démocratique, c'est-à-dire qui donne le pouvoir à un peuple qui a les moyens d'en être responsable. Quand la question se résume à « vous sentez-vous prêt(s) à ratifier ce traité que vous avez dit à maintes reprises incompréhensible et loin de vos préoccupation ? », je trouve sain, je trouve hygiénique, que la réponse soit « non » quand les citoyens consultés ne se sentent effectivement pas prêts.
Je lis çà et là qu'il y aurait eu 885 000 Irlandais à voter non, contre 764 000 ouis, sur un traité qui doit être ratifié à l'unanimité au sein de 27 pays qui comptent au total 500 millions d'habitants. Ce sont les règles que nous nous sommes fixées, simple constat.
Une première remarque, qui me trouble énormément, c'est que si sur lesdits 27 pays, disons, 20 étaient à ce point pour le « oui », que n'ont-ils uni leurs forces de propagande (médias, conférences, meetings... ils avaient même les moyens de faire des films et de les diffuser dans les cinémas !) pour agir et faire œuvre éducative, sinon marketing ? La construction européenne les concerne-t-elle aussi peu qu'ils s'en tiennent à pleurer quand le mal est fait ?
L'autre remarque, je la tire d'un adage qui veut que l'éducation et la paix soient sœurs siamoises. En effet, dit vite, l'éducation permet la paix (elle en montre les bienfaits, les limites, la fragilité, les conditions), et la paix permet l'éducation (elle en est une condition). Or nous construisons l'Europe certes pour le bien-être économique et pour que tout le monde parle anglais, mais surtout et avant tout pour la paix. Aujourd'hui d'ailleurs cette paix a de plus en plus une composante écologique. Un corollaire de cette paix, c'est l'éducation, et notamment l'éducation politique, avec ses ramifications dans la plupart des sciences humaines. Ne pas construire l'Europe sur cette base-là, c'est ne pas construire l'Europe dans l'objectif de la paix.
Alors on peut pleurer d'un « non » dû à une inexistante propagande (j'emploie ce mot de façon pragmatique, sans connotation morale) d'État, mais il montre surtout un désintérêt des penseurs de l'Europe pour la question éducative. Et soyons clairs, je ne dis pas que le traité serait passé avec davantage d'éducation, car je ne confonds pas propagande et éducation : je dis qu'avec davantage d'éducation en amont le hiatus, pour le moins, entre ceux qui ont rédigé et manigancé ce traité, et ceux qui étaient consultés, voire ceux qui auraient dû l'être dans une visée démocratique, se serait grandement réduit. En particulier le traité lui-même n'aurait pas été rédigé dans cette forme si complexe. Accorder de l'importance à l'éducation, c'est aussi permettre un certain feedback entre les diverses couches sociales.
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