Eeeh bien. Pour moi qui pense e-mail depuis 1992 et forums depuis 1999, qui décortique l'intérêt des protocoles et des outils dans cette pratique bêtement humaine, qui ne conçois de m'attacher un collaborateur que dans la mesure où il a la « communication chevillée au corps », la question n'a quasiment pas de sens. Certes les wikis, forums, blogs, et autres messageries instantanées constituent mon quotidien (au fait, qui utilise encore les e-mails ?) — même si je fais aussi figure d'exception en n'ayant pas de téléphone portable —, mais ce qui est avant tout fondamental pour moi est de raconter une histoire, des histoires, ou que je les raconte, ou que je sois dans un espace où elles se racontent. Ainsi pour moi un projet est primitivement et avant tout, une histoire qui se raconte. Une équipe est d'abord soudée par « quelque chose ». Cela qui existe par le discours et par la parole. Ce n'est pas tout-à-fait le projet, ce n'est pas tout-à-fait le discours, c'est « quelque chose » qui procède des deux, et qui, c'est bien sûr important, donne une place active, dynamique, aux membres de l'équipe.
Dans l'image des Fûts, il y avait aussi cela : les colonnes de l'architecture laissent exister un « espace » pour que les personnes réalisent leur projet. Elles se réunissent dans cet endroit car il est favorable aux projets, et produisent le leur.
Revenons à la communication. Pourquoi certaines entreprises passent-elles encore aujourd'hui, c'est-à-dire en 2007, complètement à côté, de l'aspect communication ? Faut-il à toute force les pousser dans cette voie-là ? Nous savons qu'elles y gagneraient. Mais elles semblent avoir peur d'y perdre quelque chose d'aussi fondamental.
Nous pouvons voir la communication comme un symptôme de la bonne santé d'une organisation. Je ne pense pas qu'il y ait une « bonne » et une « mauvaise » communications. Soit le fluide s'écoule dynamiquement, et les crises sont gérées avec le reste, soit il ne passe pas. C'est la rétention, le blocage, c'est-à-dire l'absence de communication, qui sont critiques, pas la qualité de la communication, ni même du contenu charrié par elle. Si aujourd'hui n'apporte pas du bon, on l'aura demain. Les vannes doivent simplement être ouvertes. En amont comme en aval : je dois savoir m'exprimer, et il vaut mieux que je m'intéresse à ce qu'on me dit.
En voyant la communication comme un symptôme ou comme un signe, et non comme un facteur de réussite, la situation est très simple :
- une organisation qui ne communique pas a d'autres problèmes à régler avant
- si on se met en capacité de communiquer, alors on aura réglé ces problèmes
En revanche, s'assurer que tel collaborateur a la capacité de s'exprimer et d'être écouté au sein de l'organisation (parfois cette capacité ne repose pas sur un défaut d'outillage technique ; cela peut venir du collaborateur lui-même, eh oui), voilà une démarche d'audit plus que pertinente.
Alors, la communication, pour quoi faire ?
Eh bien, encore une fois, pour ceux qui baignent dedans, la question ne se pose pas.
Et pour les autres, la communication peut être un « indicateur cible » qui aide à savoir si l'organisation va bien. Il suffit de changer les deux ou trois choses qui feront que la communication sera mise en marche, et l'organisation ira bien.
Quelqu'un a dit Test First? Oui, oui, la communication est bien une sorte de test JUnit de la bonne santé de l'organisation.
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